LA CATHÉDRALE DE PHAT DIÊM
22 août 2024
(Texte de Jacques Bacon et Pascal)
Qui n’a pas entendu parler de l’agent Orange et de ses ravages au Vietnam, ravages pas étonnants, car le principal ingrédient en est la dioxine, une des molécules les plus mortelles au monde et, pour ne pas arranger les choses, très persistante dans l’environnement terrestre, aquatique maritime et aérien, deux faits connus dès 1960.
(Source Wikipedia):
Un écocide est la destruction ou l’endommagement irrémédiable d’un écosystème par un facteur anthropique, notamment par un processus d’écophagie, qui traduit la surexploitation de cet écosystème, intentionnelle ou non. Par exemple, les marées noires, la déforestation des forêts tropicales, l’assèchement de la mer d’Aral dû au prélèvement excessif de l’eau des fleuves qui l’alimentent, sont parfois qualifiés d’écocide ou de suicide écologique. Ce néologisme est construit à partir des racines éco- (du grec ancien οἶκος (maison) et -cide (du latin caedere – tuer, abattre) et signifie donc littéralement « abattre [notre] maison ». Le concept de crime d’écocide est débattu depuis 1947 au sein de la Commission du droit international pour préparer le Code des crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité2. Dans les années 1970, il a aussi été proposé d’inclure le crime d’écocide dans la Convention sur le génocide de 1948. Mais il a été retiré en 1995 du projet de Code et donc n’a pas été inclus au Statut de Rome. Depuis la fin des années 1990, diverses tentatives ont visé à le réintégrer dans le droit international en proposant soit un amendement au statut de la Cour pénale internationale pour lui permettre d’élargir ses compétences, soit de l’adopter dans des directives européennes, soit de créer de nouvelles juridictions officielles comme le projet de Cour pénale de l’environnement ou par d’autres juridictions telles que le Tribunal.
Le produit à base de dioxine était utilisé comme puissant herbicide. Citons le professeur Van Quy: « Il n’y a pas de douleur aussi terrible et dangereuse que celle de l’agent orange, qui pousse les gens dans des situations extrêmes. La dioxine est un poison qui traverse les viscères et se transmet aux générations. Des dizaines de maladies dangereuses tourmentent les victimes et leurs descendants. »
En 1961, le gouvernement du Sud et ses allies Américains sont de plus en plus impuissants face à la guérilla de l’armée de libération du sud Vietnam, les fameux Viêt-Cong, dont une grande partie est bien camouflée sous les jungles de Sud-Annam et du sud de la Cochinchine.
Le 12 Avril, une note est soumise au président Kennedy, affirmant que c’est le moyen le plus économique et le plus efficace pour repérer les Viêt-Cong : Détruire les forêts. A cette époque et depuis les années 1950 on savait la toxicité de la dioxine et il existait des molécules (TCDD) aussi efficaces et non polluantes, mais plus chers. Guerre chimique s’il en n’est !
Le 10 Aout 1961 la première pluie chimique tombe sur le village de Kon Tum sur les Hauts-Plateaux. C’est le début de l’opération « ouvrier Agricole ». Le gouvernement Américain s’abstient de mentionner les impacts de ces herbicides, peu de gens compris dans l’armée Américaine savent que ces produits contiennent de la Dioxine. Les herbicides utilisés sont dotés de couleur Orange, bleu, rose, mais tous étaient des mélanges contenant de la dioxine.
Durant la période de 1961 à 1971, la quantité de défoliant, re-estimée en 2003 par une équipe américaine d’experts, est de 77 millions de litres, soit 400 kg de dioxine sur une superficie de 2,6 millions d’hectares, soit 10% de la superficie du Vietnam du Sud et 50% de la mangrove
Citons le général de corps d’armée Nguyen Van Rinh « De 1961 à 1971, l’aviation américaine a mené plus de 19 000sorties, pulvérisant plus de 80 millions de litres d’herbicide sur 26 000 villages du Sud Vietnam, avec des impacts très graves sur l’environnement et la vie humaine. Ce que peu de gens savent est que l’agent orange ne faisait pas de distinctions, donc, soldats sud-vietnamiens, américains, australiens, coréens et autres alliés ont également été empoisonnés. À l’époque, l’état- major américain à eu le monstrueux culot de déclarer à ses soldats qu’il n’était pas dangereux pour les êtres humains.
Actuellement, la dioxine est toujours présente, en particulier dans le Mékong et dans la mer de Chine. Sa disparition naturelle prendra entre 150 et 400 ans. La dioxine se fixe dans la chaine alimentaire en particulier dans les poissons gras et les fruits de mer. C’est la raison pour laquelle vous ne voyez jamais de recettes à base de poissons crus et que les huitres (sauf dans les restaurants Japonais) ne se consomment que grillées. La présence de la dioxine dans les eaux du Mékong explique
La présence de la dioxine dans les eaux du Mékong explique pourquoi il y a deux fois plus d’enfants qui naissent avec des malformations dans les villages qui bordent le Mékong que partout ailleurs au monde. À Saïgon, dans le superbe Musée du Souvenir, ex-Musée des atrocités américaines, nom changé business oblige ! Il y a une salle de l’agent Orange, à son entrée, autrefois, il y avait deux bocaux contenta chacun un fétu de bébé atteint ; c’était tellement atroce à voir qu’ils ont été enlevés et que nous refusons d’en publier une photo ici (mais on peut en voir des photos sur l’Internet).
Catastrophe non seulement physiologique, mais sociale : les familles contaminées sont ostracisées, la maladie étant est considérée comme un signe de mauvais sort pour l’ensemble de la famille ; les frères et sœurs ne peuvent donc trouver de conjoint. D’autre part, une enquête de 2001 dans la province de Quang Tri montre que le revenu par tête dans une famille comprenant au moins un membre affecte est réduit de moitié, et que les dépenses médicales sont en hausse de 30%. Chez les Américains, cancer chez les anciens soldats, enfants cancéreux et/ou déformés chez leur progéniture.
Face à l’ampleur du problème, en 2004, a été créée l’association Vietnamienne des victimes de l’agent orange/dioxine. Sa première action a été de déposé plainte contre les 36 entreprises responsables, dont les deux principales, Desanto et Dow Chemical, véritables criminels de guerre. Sa plainte a été rejetée en première instance.
Plus récemment une plainte a été déposée, au printemps 2014, par une Franco-Vietnamienne Mme Tran To Nga pour assigné 36 multinationales. Le tribunal de grande instance d’Evry a reçu sa plainte au civil et non au pénal comme elle le désirait. En Mai 2019, elle a été déboutée au prétextes que « les entreprises ont agi sur ordre et pour le compte de l’état Américain dans l’accomplissement d’un acte de souveraineté« et que à ce titre Elles bénéficient du même droit que l’état souverain.
Chose peu connue et répugnante : Lorsque les soldats américains sont retournés chez eux, il leur a été refusé les soins gratuits dans les hôpitaux militaires ; la raison, Washington refusant de reconnaitre sa culpabilité, il ne pouvait évidement pas assurerez cette gratuité, dans un pays où les soins médicaux sont hors de prix et 40% de la population sans assurance, et refusant l’assurance obligatoire au nom de la liberté d’expression.
Dans les années 1970, des vétérans de la guerre du Vietnam ouvrent une action conjoint (Class Action) contre Monsanto et six autres producteurs de l’agent orange. Washington a reconnu sa pleine et entière responsabilité en 1972. Le 10 décembre 1976, l’Assemblée générale des es Nations-Unies ont passé la Résolution 31/72 interdisant l’usage de tout produit susceptible d’entrainer des « techniques de modification environnementale ».
En 1984, Monsanto, Dow Chemical et cinq autres entreprises accusées ont signé un accord à l’amiable avec les associations de vétérans en échange de l’arrêt de toute poursuite ; les fabricants ont versé la somme de 180 millions de dollars à un fonds de compensation et presque 40 000 des 68 000 vétérans ont reçu entre 256 et 12 800 dollars chacun, selon la gravité des cas.
Le 31 janvier 2004, l’Association vietnamienne des victimes de l’agent orange/dioxine a présenté un recours collectif aux États-Unis contre onze fabricants d’herbicide (dont Dow Chemical et Monsanto) pour crime contre l’humanité et crime de guerre. La première séance de ce procès a lieu le 1er mars 2005 à New York. Le 10 mars, la cour rejette la plainte, le juge ayant conclu que l’agent orange n’est pas un poison au regard du droit international et qu’il n’y a donc pas d’interdiction d’utiliser un herbicide. L’association vietnamienne des victimes a déposé un recours devant la cour d’appel de New York, le 8 avril 2005, et son dossier d’arguments le 30 octobre 2005. Multiples condamnations dans d’autres pays, dont la France (tribunal d’opinion de Paris le 15 et 16 mai 2009).
Le livre de Tran To Nga : Ma terre empoissonnée
La croix rouge Vietnamienne :
Tel: (844) 826 3703 Fax: (844) 942 4285 Telex: 411415 VNRC VT Telegram: VIETNAMCROSS HANOI E-Mail: vnrchq@netnam.org.vn Web: http://chuthapdo.org.vn/redcross/en/home/index.jsp |
Association vietnamienne des victimes de l’agent orange/dioxine : www.vava.org.vn
Source :
Wikipédia. Le courrier du Vietnam et Le monde